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Christophe Lépine, président de la Fédération des conservatoires d’espaces naturels (FCEN), réagit au déplacement du Premier ministre Jean Castex, qui estime que la protection de l’environnement n’est pas incompatible avec les activités économiques humaines, y compris la chasse et la pêche.

Le Premier ministre Jean Castex s’est rendu dans une réserve naturelle près d’Amiens (Somme) samedi 22 août, pour y aborder notamment les enjeux d’écologie et de développement durable. Le Premier ministre, qui avait défendu une “écologie des territoires” lors de sa déclaration de politique générale en juillet, estime que l’on peut “associer la maximum d’acteurs”. “La conciliation entre la préservation de la biodiversité et des activités économiques et humaines, agriculture, tourisme, développement économique, chasse, pêche, est possible”, a soutenu le Premier ministre.

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Pour Christophe Lépine, président de la Fédération des conservatoires d’espaces naturels (FCEN), cette visite dans la réserve naturelle de l’étang Saint-Ladre vient conforter une approche “constructive”. Invité de franceinfo, Christophe Lépine renvoie dos à dos les “ayatollahs, de quelque côté qu’ils soient”. Et il estime que “ça marche mieux quand c’est à la base, sur les territoires, loin des postures politiciennes, lobbyistes ou partisanes”.

franceinfo : Le Premier ministre Jean Castex assure qu’il est possible de concilier préservation de la biodiversité avec la chasse et la pêche. C’est un sentiment que vous partagez ?

Christophe Lépine : Globalement, on est en capacité de rassembler l’ensemble des acteurs d’un territoire pour des projets de conservation de la nature. Et je ne pourrais pas enlever grand-chose à ce que vient de dire Jean Castex. Il a expliqué ce que font les conservatoires d’espaces naturels en France, c’est à dire de préserver des espaces naturels en prenant en compte l’ensemble des activités. Evidemment, notre clé d’entrée, c’est d’abord la faune, la flore, les paysages. Mais à chaque fois, on essaie d’associer tout le monde. Evidemment, on n’a pas toujours les mêmes intérêts, les mêmes besoins ou les mêmes envies. Néanmoins, on est capable de proposer des projets qui vont essayer d’associer tout le monde. Il faut arrêter d’opposer tout le temps les uns et les autres. Le Premier ministre dit aussi que tout ça, ça marche mieux quand c’est à la base, sur les territoires, loin des postures politiciennes, lobbyistes ou partisanes qu’on peut trop souvent entendre.

Au-delà de cette petite sortie autour de la biodiversité et des chasseurs qui n’en sont pas nécessairement les ennemis, que retenez de cette visite de Jean Castex ?

Au-delà des stratégies de communication, le choix d’aller voir un site d’un conservatoire d’espaces naturels, c’est de montrer qu’effectivement, l’écologie n’est pas forcément un problème. Ce n’est pas forcément que des coûts, c’est aussi des solutions. Nous, ce qu’on pense, c’est que la nature est la solution à bien des problèmes. A la qualité de vie des gens, à la fierté des habitants de vivre sur un territoire. Sur cette réserve de l’étang Saint-Ladre, on protège les marais, les étangs, les tourbières. C’est de la ressource en eau, c’est les nappes phréatiques, c’est comment avoir une facture d’eau qui va coûter moins cher. Ailleurs, ça permet de lutter contre les inondations. On travaille en France avec 1 500 éleveurs et agriculteurs. Nous, on a besoin des animaux, les chèvres, les moutons, les vaches, pour pâturer. Ces animaux, ce sont nos tondeuses à gazon naturelles. Mais en même temps, ça permet de tisser des partenariats avec des agriculteurs ou des éleveurs qui, parfois, ne trouvent pas forcément les parcelles pour leurs animaux. Et ils peuvent développer des circuits courts pour de la viande de qualité, du pâturage de qualité. On a tout un petit écosystème, une petite vie qui se met en place et qui concerne tout le monde et tous les habitants.

Le fait que le premier ministre vienne en visite près de cet étang, dans cette réserve naturelle, au moment où les écologistes terminent leurs journées d’été, c’est un hasard ?

Ce n’est sûrement pas un hasard. C’est aussi aujourd’hui l’ouverture partielle de la chasse en France. Evidemment, il y a toujours des messages politiques. Mais je suis fier d’avoir accueilli trois ministres sur ce site [Jean Castex, Barbara Pompili, ministre de la Transition écologique, et Joël Giraud, secrétaire d’État chargé de la Ruralité] parce que c’était l’occasion de montrer qu’il ne faut pas opposer tout le monde. Les ayatollahs, c’est bien gentil, mais ce n’est pas ceux qui font avancer, de quelque côté qu’ils soient. Et nous, on est des gens constructifs au cœur des territoires et on peut proposer des vrais projets avec tout le monde, que ce soit avec les chefs d’entreprise, les agriculteurs, les chasseurs, les pêcheurs, le développement touristique. Et c’est important : on a vu avec le confinement, avec le Covid, ce besoin des Français d’aller retrouver la nature près de chez eux. Pour qu’ils puissent la retrouver près de chez eux, il faut qu’il y ait des associations comme les conservatoires d’espaces naturels et plein d’autres structures qui protègent ces milieux, qui bénéficient de moyens financiers, pour pouvoir agir et maintenir cette nature et cette biodiversité.

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