Le 1er janvier 2020 entre en vigueur la  réforme de la chasse voulue par le Président  de la République et approuvée par la FNC et  l’immense majorité des FDC.  A cette occasion, il est peut-être intéressant  d’évaluer ce que pèse le monde des bécassiers dans notre société.

Partant du plus haut de la pyramide, au sein de l’Europe, la France (peut-être avec l’Italie) est considérée comme  un élève dissipé à surveiller étroitement, “tireur de tout ce qui bouge” et sommée de respecter la directive oiseaux 79-409 dont la mise en place semble faite pour limiter nos instincts de prédateurs dans des contours acceptablespour des peuples nordiques plus contemplatifs de dame nature.
Au niveau national, la  éfiance à  notre é gard n ‘est pas  moindre. En trompe l’oeil, le permis national à 200 € a permis d’installer la notion de gestion adaptative, que Bécassiers de France pourrait soutenir si elle ne comportait pas, telle que présentée, de nombreux dangers bien réels. On donne d’une main pour mieux reprendre de l’autre. Dans la chaîne décisionnaire nous concernant, le Ministère joue un rôle capital en définissant les réglementations à nous appliquer. Jadis, nous étions gérés par le Ministère de l’Agriculture. Puis, montée écologique oblige, cette mission fut confiée à un Ministère de l’environnement à la tête duquel on installait alors un politique qui se voyait ainsi “récompensé” de quelque succès électoral intéressant pour le gouvernement en place. La motivation écolo du dit ministre s’en trouvait alors assez floue. Par la suite, ce fut différent. La sensibilité écologique du pays prenant de l’ampleur, la nécessité de mettre en place un pur et dur de l’environnement se fit sentir. Pur et dur sans doute, mais avec des prérogatives limitées à l’aune des exigences politiques et budgétaires du moment. La chasse devint donc alors le moyen facile d’agir dans un domaine affaibli de l’environnement parce que de plus en plus stigmatisée par les médias et par voie de conséquence par l’opinion publique. La loi chasse de 2000 en est l’illustration. La ministre du moment jugeait que la pollution générée par le naufrage de l’Erika n’était pas une catastrophe écologique, mais considérait par ailleurs qu’une loi restreignant la chasse était absolument nécessaire. C’est bien connu, les ministres passent, mais les collaborateurs choisis et mis en place par eux restent. C’est ainsi qu’au fil des ministres successifs, notre ministère compte aujourd’hui un nombre important de cadres aux sensibilités anti-chasse bien marquées. Un exemple : le non-renouvellement de l’agrément au titre de la protection de l’environnement que Bécassiers de France, le CNB, etd’autres associations de chasseurs avaient obtenu et dont on a refusé le renouvellement considérant que notre action en faveur de l’environnement, bien que bien réelle, était prioritairement destinée à la chasse. Dit en d’autres termes, baguer des pinsons aux premières douceurs du printemps ou compter des grues en fin d’été, c’est de la protection de l’environnement, baguer des bécasses la nuit, l’hiver, sous la pluie, la neige et dans le froid, ce n’en est pas. Comprenne qui pourra.
S’agissant de la nouvelle structure OFB (qui phagocyte l’ONCFS, notre argent et nos données) celle-ci va être dirigée par nos opposants avec toutes les nuisances que l’on peut
imaginer en découler. Il n’y a rien à ajouter, notre avenir est écrit. Le permis national à bas prix, qui a déjà déclenché une tempête médiatique, a été considéré comme un cadeau
exorbitant fait aux chasseurs, mais quel va être le prix à payer en termes d’entraves à notre chasse ? La chasse  aux migrateurs constitue le maillon faible de la chasse, que
ce soit au niveau européen ou national. Attaquée par nos  adversaires, elle ne bénéficie pas pour autant, et c’est très regrettable, du soutien de nos pairs. Pour notre défense, nous pourrions espérer une action énergique de nos représentants élus. Hélas ! Il n’en est rien. La FNC, et les FDC qui lui ont emboîté le pas, ont pris pour  Notre avenir argent comptant les conditions de la récente réforme de la chasse. Quel en est le motif profond ? Personne dans ces instances n’a été choqué par les termes de ce contrat  aliénant nos libertés au profit d’organismes  ajoritairement
anti-chasse ? L’obligation pour certaines chasses (sans doute bientôt pour la bécasse) d’investir dans des technologies coûteuses auront pour conséquence la disparition de nombre de permis. Est-ce le but recherché ?  S’achemine-t-on vers une érosion de la chasse aux migrateurs au profit d’une chasse “d’utilité publique” où les chasseurs ne seront plus que les auxiliaires tolérés par nos organismes de tutelle pour maintenir dans les proportions acceptables les populations de grand gibier ?
Qu’en disent les associations de chasse spécialisées ?  Concernant la bécasse, le CNB, a pris officiellement une  position favorable à la réforme, arguant la modernité du concept et des moyens mis en oeuvre. Bécassiers de France,favorable à la notion raisonnable de chasse adaptative s’est opposée au niveau national (ainsi que quelques FDC très minoritaires), aux conditions de sa mise en place. Nous sommes les seuls à avoir soulevé les nombreux problèmes  que va poser cette réforme. Nos craintes consignées dans  un courrier comportant 12 questions, adressé par Pascal  Repiton au président de la FNC, n’a toujours pas reçu de  réponse, ce qui amplifie notre inquiétude. Nos associations départementales ont-elles joué leur rôle auprès des FDC en
présentant les réserves émises par Bécassiers de France ?  On le voit, notre activité est menacée à plus ou moins long terme. Qui viendra à notre secours ? Rien dans la chaîne  décisionnaire qui décide de notre sort n’est de nature à nous défendre ou nous soutenir. Inutile de compter sur  nos représentants politiques, de quelque bord qu’ils soient,girouettes au gré des vents électoraux pour satisfaire  au mieux leurs intérêts personnels ou partisans. Pour couronner le tout, l’opinion publique qui se veut bienpensante évolue vers un angélisme béat. Alors à quoi tient la survie du bécassier ? Peut-être à des prières ou à un cierge à Lourdes…
Jean-Pierre Senmartin

 

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