Publié le 08/05/2021 à 06:25 | Mis à jour le 08/05/2021 à 08:23

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Pas de discussion possible si l’arrêté préfectoral est à nouveau attaqué en justice, prévient François Pesneau alors que l’affaire a pris un tour politique.

Depuis plusieurs années, l’arrêté préfectoral qui autorise en Loir-et-Cher une « période complémentaire de chasse sous terre du blaireau » de la mi-mai jusqu’au mois de septembre donne lieu à un bras de fer juridique. Le mustélidé, dont l’activité est essentiellement nocturne, est régulé en dehors de la période d’ouverture générale de la chasse en raison de dégâts commis sur des cultures ou aux dépens de certaines infrastructures (digues, chaussées, etc.). Mais ce motif et cette pratique font l’objet de contestations.
Le tribunal administratif d’Orléans a ainsi été saisi à plusieurs reprises par des associations naturalistes qui réclament régulièrement l’abrogation de cette disposition. On se souvient aussi qu’en septembre 2019 la maire de Valaire, Catherine Le Troquier, défendue par l’avocat romorantinais Louis Redon-Colombier, avait elle-même promulgué un arrêté municipal pour interdire la vénerie sous terre – c’est-à-dire la chasse du blaireau ou du renard dans leurs terriers à l’aide de chiens – dans le périmètre de sa commune. C’est alors Yves Rousset, le préfet de l’époque, qui avait attaqué devant la justice administrative la décision de l’édile, pour la faire annuler.
L’affaire a depuis pris un tour politique. Catherine Le Troquier compte désormais sur le soutien des conseils municipaux de Blois, Saint-Gervais-la-Forêt, Villerbon, Vineuil et Chaumont-sur-Loire qui ont également adopté un vœu pour réclamer l’abolition de la vénerie sous terre. Leur démarche est soutenue par Europe écologie-Les Verts. Cela étant, et sans détailler les différents épisodes d’une bataille incessante dans les prétoires, on retiendra que les précédentes procédures ont, in fine, validé l’arrêté préfectoral.

Appel à « dépassionner le débat »

Lors de la récente assemblée générale de la Fédération départementale des chasseurs de Loir-et-Cher, le président Hubert-Louis Vuitton s’est d’ailleurs félicité de la décision du Conseil d’État « contre les associations Sologne nature environnement et Perche nature, qui s’étaient pourvues en cassation contre l’arrêté préfectoral autorisant une période complémentaire pour la vénerie sous terre du blaireau lors de la saison de chasse 2020-2021 ».

Et maintenant ? Lors d’une récente rencontre avec la presse, le nouveau préfet de Loir-et-Cher, François Pesneau, a annoncé qu’il s’apprêtait à suivre l’avis favorable donné le 6 avril dernier par le Conseil départemental de la faune sauvage pour la reconduction de cette fameuse « période complémentaire ». La publication imminente de l’arrêté marquera-t-elle le coup d’envoi d’un nouvel épisode judiciaire ? Le préfet se dit prêt, à l’avenir, à « se mettre autour d’une table » avec les opposants à la vénerie sous terre, et de mener aussi une concertation avec les agriculteurs et les chasseurs, avant de trancher en fonction de données tangibles collectées dans le département. Mais il pose ses conditions. « On ne peut pas demander à discuter et en même temps m’attaquer en justice ou sur les réseaux sociaux, au point que j’ai hésité à porter plainte », confie-t-il, visiblement surpris par la vigueur et le contenu de certaines publications. « Je n’ai pas de problème avec les élus qui sont républicains et responsables, mais il faut qu’ils portent un discours d’apaisement, afin de dépassionner ce débat et d’en évacuer la partie émotionnelle, pour étudier la question de manière pragmatique », poursuit-il. Au passage, il explique recevoir à ce propos un courrier conséquent de la part « de personnes qui ne connaissent rien au territoire et se trompent d’interlocuteur ». Car le représentant de l’État insiste : il ne prendra ses décisions qu’en fonction du contexte local.

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