Alors que la saison de chasse s’ouvre dimanche, le lobbyiste et conseiller politique de la Fédération nationale des chasseurs, Thierry Coste, déplore des ratés de communication après la suspension de la chasse à la glu.
“On a été mauvais dans l’explication [de la chasse à la glu], aujourd’hui on nous sanctionne”, déplore le conseiller politique de la Fédération nationale des chasseurs Thierry Coste, ce dimanche sur franceinfo. La saison de la chasse s’ouvre dimanche 13 septembre, mais la chasse à la glu a été suspendue pour la saison par le président de la République Emmanuel Macron.
franceinfo : Comprenez-vous l’augmentation des discours anti-chasse ?
Thierry Coste : La chasse est un sujet de société, il faut en convenir, donc c’est normal que tout le monde ait un avis. Le problème, c’est que nous, chasseurs, pendant sans doute trop longtemps, on est restés entre nous et on a pensé que pour vivre heureux il fallait vivre, à défaut d’être cachés, au moins discrètement. Aujourd’hui, on s’aperçoit qu’effectivement la chasse n’est pas assez bien expliquée, à chaque fois qu’on l’explique on arrive à convaincre des gens qui se disent anti-chasse. Donc notre job aujourd’hui, ça va être ça.
La réalité, c’est qu’on n’a pas attendu l’ouverture de la chasse ce dimanche pour aller dans la nature. On sort avec notre fusil aujourd’hui, ce n’est pas pour tirer tout ce qui bouge. On est des passionnés de nature, on sort avec nos chiens, on sort souvent en famille, et c’est un moment génial. Mais c’est le moment où on va finalement faire la photographie de tout le job, de tout le travail qu’on a fait pendant des mois, sans fusil, avec des jumelles, pour aménager, pour planter des haies, pour protéger. C’est vrai qu’on tue. On va prélever des animaux pour les manger. Mais honnêtement, à la fin de la chasse il y a davantage d’animaux pour l’année d’après, parce qu’on est très respectueux des espèces animales et on ne prélève que l’intérêt.
Vous présentez les chasseurs comme des défenseurs de la biodiversité. Il n’y a donc aucune opposition à la suspension de la chasse à la tourterelle des bois et de la chasse à la glu cette saison ?
L’espèce va mal donc, les chasseurs, on a tout à fait dit qu’il fallait diminuer, on était passés de 100 000 tourterelles chassées à 17 000. La réalité, c’est qu’on continue en Europe à massacrer énormément. Nous on s’est engagés pour maintenir un quota minimum à de nombreuses plantations de haies, parce que c’est l’habitat naturel qui fait que cet oiseau disparaît. Ce n’est pas la chasse, c’est la destruction de l’habitat. L’Etat a tranché, dont acte. C’est vrai que la population est en mauvais état de conservation, donc c’était logique. C’est le principe de la gestion adaptative. Quand ça va bien, on augmente les quotas, quand ça va mal on les diminue. Là, il y avait une marge de manœuvre et le Conseil d’Etat a été un peu doctrinal. (…)
Je suis tout à fait d’accord pour faire des concessions, mais à une seule condition, à savoir que ceux qui nous les demandent ne mentent pas en permanence.à franceinfo
La chasse à la glu, on a été très mauvais, on a mal expliqué. C’est une chasse très sélective et une chasse très limitée. Elle a des contraintes très fortes. Ce n’est pas une chasse d’ailleurs. On capture des oiseaux vivants pour en faire des appelants, ça veut dire que sur un site, on va capturer quatre ou cinq grives, et ensuite c’est pour se servir d’appelants pour pouvoir les tirer au fusil. C’est très limité, ce n’est que dans cinq départements, ce ne sont que 5 000 personnes et la plupart du temps on les relâche à la fin de la saison, au bout des trois mois de chasse. On l’a très mal expliqué, dont acte. On a été mauvais dans l’explication, aujourd’hui on nous sanctionne. C’est vrai que c’est un peu compliqué pour nous de comprendre le bon sens et faire des compromis dans ces conditions.
Vous êtes tout de même souvent entendus par le président de la République. Il a réduit de moitié le prix du permis de chasse. Vous avez de l’influence.
Je ne sais pas si j’ai de l’influence. J’aime bien quand nos opposants sont honnêtes. Le chef de l’Etat est proche du monde de la chasse, il aime la chasse, il l’apprécie, tant mieux, on ne va pas s’en plaindre. Il y a énormément d’hommes politiques qui l’apprécient, qu’ils chassent ou non, parce que la chasse est un atout dans les territoires ruraux, c’est une réalité et on vit notre passion et on est respectueux de la nature. Mais la réalité, c’est que le président de la République, dans le temps où il a accordé le permis à 200 euros au lieu de 400 euros, a mis en place une police de la nature qui est renforcée dans tous les départements de France, il a mis en place un Office français de la biodiversité unique en Europe. Les deux sont uniques en Europe.
Il a été malin, il a aussi tordu le bras des chasseurs qui ne voulaient pas d’un grand office de la biodiversité et qui aujourd’hui sont, certes minoritaires dans cet office, mais sont acteurs. Je ne comprends pas les écologistes qui veulent écarter les chasseurs de tout alors qu’on est une force et un lobby puissant et qu’on peut s’entendre pour faire avancer la cause de la nature. Sur les néonicotinoïdes par exemple, c’est le groupe chasse de l’Assemblée nationale qui, à deux voix près, a obtenu leur interdiction.