Attention certaines périodes augmentent les risques d’accidents avec le gibier sur les routes. C’est le cas en ce printemps 2021 notamment en Mayenne, zone rurale.
Désormais ils sont partout. Et selon les spécialistes et observateurs, beaucoup trop nombreux. Alors que se passe-t-il ?
Tout d’abord l’animal n’a pas de prédateur, hormis le loup, et il bénéficie de la disparition d’hivers longs et rigoureux. Ce qui favorisait la sélection naturelle, et régulait leur reproduction.
Les cultures intensives également le nourrissent. Un exemple : le maïs. Il adore ses jeunes pousses. Et quelques semaines plus tard ce sont les épis qui sont attaqués. Mais ses plantes préférées restent le blé, le colza et la moutarde.
Alors combien sont-ils ?
Une étude estime qu’en France, sa population est de 1,6 par km2. Soit plus d’un million d’individus. Surtout dans l’Est et le centre du pays. Chaque année les chasseurs en prélèvent (tuent) près de la moitié. Mais cela ne suffit pas, et la menace des sangliers se précise toujours plus.
Il y a d’abord les dommages innombrables causés aux cultures. Les agriculteurs ne savent plus comment s’en protéger. Et se retournent tous les ans vers la Fédération des chasseurs. Car c’est elle qui paye les dégâts.
“En 2020 cela nous a coûté 70 millions d’euros au plan national. Dont 200.000 euros chez nous” précise Stéphane Petit le directeur de la Fédération mayennaise des chasseurs.
Les pouvoirs publics l’ont classé selon les départements comme animal nuisible et invasif, à réguler fortement. Les chasseurs qui lui donnaient à manger (agrainage) sont surveillés et poursuivis. Des opérations de chasse spécifiques sont organisées.
En Mayenne par exemple tous les ans, 3000 sangliers sont tués. Cela parait beaucoup pour ce petit département mais ce n’est pas assez pour freiner la multiplication des portées qui peut aller jusqu’à 6 marcassins. Bref, le sanglier est devenu presque incontrôlable et croît de façon exponentielle.
Le tableau ne serait pas complet si l’on oubliait les collisions.
En Mayenne, tous les jours un véhicule percute un sanglier. De la tôle froissée, parfois des blessures. Et même ailleurs, des automobilistes ou leurs passagers tués après une sortie de route.
Philippe, un Lavallois, se souvient très bien de sa rencontre avec un sanglier :
“Je roulais sur la route de Laval à Château-Gontier un soir de pluie. Les phares des voitures en face ne m’ont pas permis de voir l’animal, que j’ai percuté à pleine vitesse avec mon véhicule. Sur le coup je ne savais pas ce qu’il se passait vraiment.Juste ce choc soudain et l’odeur de brûlé provoqué par l’explosion de l’airbag. Heureusement j’ai réussi à garder le contrôle de la voiture, je me suis arrêté sur le bas-côté.
La voiture qui me suivait s’est garée à côté pour voir si tout était ok. Ce qui était le cas. Sauf pour mon vieux Kangoo. Après avoir été transporté par une dépanneuse, j’ai dû le laisser à un épaviste. Et comme je n’étais assuré qu’au tiers, aucun remboursement. Mais bon, je m’en sors bien, ça aurait pu être beaucoup plus grave…”
Les chevreuils perdent leurs repères
Les chevreuils représentent aussi un danger croissant pour les automobiliste, surtout en ce moment. Avril et mai. Nous sommes dans la période de reproduction. Les femelles mettent bas. Les mâles sont désœuvrés, perdent leurs repères, font moins attention à la présence humaine et traversent la chaussée avec plus d’’inattention, voire d’audace.
Pour Patrice Barada carrossier à Château-Gontier :
“C’est vrai nous avons beaucoup de voitures accidentées notamment à cause de ces animaux, mais ce ne sont pas les mêmes dommages que les collisions avec les sangliers. Le chevreuil est plus tendre et fait moins de dégâts. L’airbag en général ne se déclenche pas”.
Reste tout de même des réparations à faire. Et donc comme précédemment indiqué, seulement remboursées par les assurances lorsque le contrat est en formule “tous risques”.
Parfois les conducteurs accidentés peuvent tout de même prétendre à une indemnisation de la Fédération des chasseurs lorsqu’ils peuvent prouver qu’il y avait au moment de l’accident une chasse en cours.
Et enfin que faire en cas d’accident mineur.
Comme dans n’importe quelle panne ou incident, d’abord revêtir son gilet fluo, poser le triangle de signalisation.
Téléphoner tout de suite à son assurance. Elle va gérer l’intervention et prendre en charge les frais de dépannage et de rapatriement (même assuré au tiers pour certaines). Dernier détail ne jamais s’approcher d’une bête si elle n’est que blessée, celle-ci pouvant se montrer dangereuse.
Même les grandes villes sont désormais “visitées” par ces bestiaux. C’est le cas de Pau, Toulouse ou Angoulême. En Europe, Berlin en compterait 8000 dans ses alentours, les hardes n’hésitant plus à s’aventurer en plein jour dans les parcs et cours d’immeuble…