Alberto Mocchi s’oppose à la révision de la loi sur la chasse soumise au vote le 27 septembre.
On estime ainsi qu’un tiers des espèces vivant en Suisse est aujourd’hui en danger, une proportion qui n’a cessé d’augmenter ces dernières années. Or, au lieu d’agir concrètement pour endiguer ce déclin, on préfère contre toute logique faciliter l’abattage d’animaux rares et menacés.
Concrètement, les Cantons auraient avec cette modification de la loi la compétence d’autoriser le tir d’animaux menacés ou protégés, s’ils figurent, malgré leur statut de protection, sur la liste des espèces régulables. Cette liste pourrait par ailleurs être modifiée en tout temps par le Conseil fédéral par voie d’ordonnance, sans aucune consultation du parlement et donc sans possibilité de référendum. Aujourd’hui c’est le loup qui focalise l’attention, mais demain pourraient figurer sur cette liste le castor, le lynx ou encore le héron cendré…
«Des espèces en voie d’extinction comme le lièvre brun, le tétras-lyre, le lagopède ou la bécasse des bois pourraient continuer à être chassées»
L’introduction de la notion de «tirs préventifs» est un autre point hautement problématique de cette révision. Avec ce principe, des animaux protégés pourront être abattus avant même d’avoir effectivement causé des dégâts. On annule ainsi toute incitation à prendre des mesures pour protéger les troupeaux. À quoi bon rendre plus difficile l’accès du loup au bétail si on peut le tirer dès que sa présence a été confirmée dans le périmètre, sous prétexte qu’il pourrait causer des dégâts?
De plus, des espèces en voie d’extinction comme le lièvre brun, le tétras-lyre, le lagopède ou la bécasse des bois pourraient continuer à être chassées, et des méthodes de chasse barbares comme la «chasse au terrier» (qui vise à aller traquer les animaux dans leur terrier, en les terrorisant longuement et inutilement) resteraient autorisées.
Des défis réels
Cette révision est donc une mauvaise réponse aux réels défis que pose la cohabitation entre l’humain et la faune sauvage. Oui, les grands prédateurs peuvent constituer une menace pour les animaux de rente dans les alpages. Oui, les intérêts des éleveurs et des agriculteurs doivent être protégés. Mais les réponses à tout cela doivent se trouver dans des politiques volontaristes de prévention et de soutien financier aux adaptations nécessaires, plutôt que dans la fausse simplicité d’une éradication d’un problème par son anéantissement physique.
Les politiques de «gâchette facile» ont de par le passé porté de graves atteintes à la biodiversité dans notre pays. Alors que l’urgence environnementale est bien là, un retour à ces pratiques d’antan est tout sauf une bonne affaire.
Après inscription sur le site car même si on est Français ont peu le faire voilà notre remarque
«Des espèces en voie d’extinction comme le lièvre brun, le tétras-lyre, le lagopède ou la bécasse des bois pourraient continuer à être chassées»
Ne serait ce que sur la bécasse des bois qui est un migrateur qui niche en Russie et en Scandinavie et qui migre jusqu’en Afrique vous dites une très grosse bêtise. Cet oiseau est classé préoccupation mineur par l’UICN sur Scolopax rusticola, les effectifs nicheurs et hivernants sur la France par exemple sont qualifiés de “stables” de “préoccupation mineure” et au “risque de disparition mineur”.