Le bécassier est soucieux de la préservation de son oiseau, et conscient que la pérennité de sa chasse est étroitement liée à la bonne santé de l’espèce. Pour l’instant la bécasse, au gré des saisons, bonnes ou mauvaises, en reproduction ou en migration, se porte bien et nous avons aujourd’hui les outils pour la maintenir en l’état. Mais certains pensent qu’un petit coup de pouce supplémentaire dans le sens d’une réduction des prélèvements ou de la “pression de chasse” ne ferait pas de mal. Pour cela plusieurs solutions restrictives sont avancées. Jugées efficaces là, pourquoi ne pas les envisager ailleurs, voire les généraliser à l’hexagone tout entier … pour le bien de l’oiseau bien sûr.
Cette extrême prudence trouve, entre autre, sa concrétisation dans des actions sur le PMA.
Nous sommes tous confrontés égalitairement au PMA annuel. A ma connaissance, mais je peux me tromper, tous les départements ont un PMA journalier, variable et laissé à l’appréciation de chaque département comme l’a souhaité BdF lors de sa mise en place. Mais qu’en est-il du PMA hebdomadaire ? Certains l’ont adopté d’autres pas, jugeant sans doute son efficacité limitée ou même nulle dans certains cas.
Pourtant aujourd’hui une pression s’exerce pour que soit généralisée cette contrainte. La mauvaise reproduction du printemps 2017 a été un motif idéal pour relancer cette “bonne idée”. Un “esprit éclairé” a cru bon, au cours de la saison passée, de réclamer aux autorités un PMA hebdomadaire généralisé de 3 oiseaux sur toute la région Occitanie qui s’étend, il faut le préciser, des Hautes-Pyrénées au Gard et des Pyrénées Orientales au Lot et à la Lozère. Des territoires aussi différents et sans unité cynégétique ou structurale doivent-ils être soumis aux mêmes mesures réglementaires ? Pour certains oui, pour moi non.
Sur la base des chiffres des relevés 2017/2018 portant sur 917 sorties de chasse, je me suis posé la question de son utilité. Qu’en serait-il d’un PMA hebdomadaire de 3 oiseaux dans notre département ? Lors de la mise en place du PMA, le bureau de l’AdB65 avait jugé une telle contrainte inutile pour les Hautes-Pyrénées. Avions-nous sous-évalué son intérêt ? Pour répondre à ces questions j’ai mis Excel à contribution et je vous livre les résultats. Il est important de préciser que 2017/2018 a été pour nous une bonne saison (ICA* 1,06, pour un ICA* décennal de 0,95).
Sur le diagramme ci-joint, j’ai regroupé les résultats des moyennes par chasseur et par semaine.
Les prélèvements hebdomadaires pour la moyenne des chasseurs varient de 0,13 à 2,22 bécasses prélevées du lundi au dimanche. Une seule semaine, la 46, a vu son prélèvement hebdomadaire par chasseur dépasser les 2 oiseaux. Si ces résultats ont été établis sur une bonne saison, il faut bien sûr les minorer sur une mauvaise année. Certes on rétorquera que ces chiffres portent sur des moyennes et qu’une moyenne masque les extrêmes. Notre département de plaine, de coteaux et de montagne (mais département non côtier) peut offrir des disparités marquées en termes de fréquentation, surtout en début de saison lors de passages plus conséquents sur les terrains plus frais d’altitude. Mais je rassure les esprits chagrins, si l’ICA peut s’envoler (à la mode haut-pyrénéenne … soyons modestes), une bécasse levée en montagne, se défilant devant les chiens en profitant de la pente, dans le clair de la hêtraie ou sous les branches basses des sapins ne finit pas systématiquement dans le carnier, donc l’ICP reste contenu. A ces jours fastes peuvent succéder des semaines de disette, passées sans voir un oiseau, notre département n’étant pas, comme d’autres, un terminus migratoire avec stationnement hivernal obligatoire. Pour nous, un PMA hebdomadaire, même aussi restrictif que le PMA hebdomadaire de 3 bécasses appliqué par certains départements, serait donc totalement inutile. Les bécasses se chargent elles-mêmes de nous fixer les limites d’un prélèvement plus que raisonnable. Il faut d’ailleurs ajouter qu’à l’avenir le réchauffement climatique, dont les effets se font déjà sentir sur la croule, va pénaliser les régions du sud dans le sens d’un prélèvement encore plus restreint.
Autre “idée lumineuse” sensée, elle, diminuer la “pression de chasse” : la limitation de jours de chasse dans la semaine. Chez nous la chasse à la bécasse est autorisée tous les jours (sauf limitations particulières des sociétés … pour des raisons souvent extra-bécassières) et nous y tenons particulièrement. La stabilité et la modestie de nos ICA sur des décennies dans notre département attestent que cette règlementation est respectueuse de l’oiseau. Les raisons de prélèvements excessifs sont sans doute à chercher ailleurs. Toujours d’après nos relevés de chasse, nos bécassiers haut-pyrénéens font en moyenne une trentaine de sorties par an sur les quelques 120 ou plus, potentiellement réalisables à raison d’une demi-journée par jour . Ce qui représente pour une saison de 15 à 20 semaines, une moyenne de 2 sorties de 3,5 heures par semaine. La moyenne des plus assidus se situant à 4 sorties hebdomadaires. Les calculs, déjà entendus ou lus, multipliant le PMA journalier par les 7 jours de la semaine ne sont qu’une caricature irresponsable, d’une ironie blessante à l’égard de chasseurs dont la passion ne doit pas se mesurer au nombre de bécasses prélevées mais au plaisir procuré par de trop rares rencontres.
La possibilité de chasser quel que soit le jour permet de choisir son jour de chasse en fonction de ses occupations, de sa forme physique, de son humeur, de sa propre “météo bécasse”, etc… bref de se sentir encore un peu libre dans un monde cynégétique de plus en plus contraint.
Parce que réfléchissons un peu. L’ “horrible passionné” qui traine sa bredouille 4 demies journées par semaine actuellement, si demain nous le limitons à 3 jours de chasse hebdomadaires, ce ne sont plus 4 mais 6 demies journées (3 journées entières) que nous le verrons arpenter les bois ayant, pour lui et pour son chien, deux jours de repos pour récupérer des fatigues de chaque sortie. Où est le bénéfice ? Sans compter sur l’inconfortable embouteillage dans les bois provoqué par cette mesure qui concentrerait sur 3 jours les bécassiers pouvant se répartir sur 7 jours. De surcroit, selon une étude de l’ONCFS, un bécassier ne lève qu’une bécasse sur 3 présentes sur un secteur. Si on limite les jours de chasse, on concentre les chasseurs certains jours. Dans nos conditions de chasse avec peu d’oiseaux, en passant de 1 à 3 bécassiers sur le terrain toutes les bécasses seront dérangées, on augmente donc grandement la pression de chasse sur les oiseaux, ce qui rend la mesure hautement contre-productive.
Prudence donc dans nos “bonnes intentions”. Restriction de chasse ne rime pas systématiquement avec préservation de l’oiseau. Rappelons-nous aussi que BdF a été créée sur la base de la responsabilité de chaque association d’intervenir au mieux auprès des instances au vu des conditions locales de chasse. Ne pensons pas détenir la vérité … à usage des autres. Telle mesure efficace, salutaire, et applicable chez soi compte tenu des densités de migratrices et d’hivernantes, ne l’est peut-être pas ailleurs avec des conditions de présence autres. Respectons nos différences.
Jean-Pierre Senmartin
(*) ICA par sorties de chasse de 3,5 heures….et non par heure de chasse.
Quand tu penses que dans le département de l’Isère, nous avons eu la demande d’un PMA d’1 oiseau par semaine, car les analyses d’ailes confirmaient une mauvaise reproduction, dès le 30 octobre. La fin de la saison n’a d’ailleurs jamais confirmé cet age ratio parait il catastrophique. je précise que ce triste sire, se targaunt d’une responsabilité dans la chasse à a bécasse du département a décié en assemblée générale personnelle de cette décision.
Je ne vous cache pas que si javais chassé dans l’Isère cette année-là, je n’aurai jamais respecté cette législation absurde, qui n’a été appliquée qu’aprrès le 1er janvier de souvenir. Je suis globalemnt respectueux des règlements, à la seule condition que je les comprenne.
Pour en revenir au sujet de base de l’article,
Je lisais il n’y a pas très longtemps un article pseudo scientifique sur la migration bécassière de cette saison. La conclusion était danger la population risque de baisser car la saison a été bonne, et nous avons tapé dans le cheptel reproducteur. La saison d’avant, la conclusion était danger la population est en baisse car la saison a été mauvaise. Nous avons toujours des oiseaux de mauvaise augure pour dire que tout va toujours mal.
Beaucoup critiquent l’ICA, disant qu’il n’est pas représentatif de la population bécassière, et qu’il faudrait autrre chose de plusreprésentatif, mais chaque fois que j’ai demandé à ces personnes un autre indicateur, personne ne m’a jamais rien fourni. Si il y a une personne qui, sur la base de l’ICA avait fourni un autre indice, il s’agit d’un de mes très chers amis malheureusement disparu. Je rappelle aussi que pour moi l’ICA n’est pas un calculateur de la population bécassière, de toutes façons personne n’est capable de donner ce chiffre, mais un INDICATEUR, qui donc pris individuellement ne sert absolument à rien (pour moi), mais c’est son analyse sur plusieurs saisons qui est intéressante.
Voilà mon avis sur le sujet, 30 ans que je chasse la bécasse, 30 ans que j’entends dire les belles années sont derrière nous, si je m’étais arrêté il y a 30 ans, qu’est ce que j’aurais perdu comme plaisir partage et/ou solitaire. Et pour conclure, si il y a une chasse qui doit toujours être celle de l’espoir, il s’agit bien de la chasse des oiseaux migrateurs, quelques qu’ils soient, ici aujourd’hui, plus là demain, mais tant pis nous y retournons quand même avec toujours le maitre mot ESPOIR.
Tout est résumé dans cet article. Comme je l’ai dit ailleurs, nos territoires de chasse sont loin d’être identiques et il existe de très grandes disparités entre eux.
Lorsque nous entendons dire sans cesse qu’il existe une grosse pression de chasse sur la bécasse
… Cet argument n’est pas faux et il est audible mais attention tout de même de ne pas entrer dans une espèce de « règle systématique » qui serait valable pour tout le monde. Il existe aussi beaucoup d’endroits et encore beaucoup de territoires sur notre sol, qui est loin de cet état de fait !
Dans certains départements et/ou communes, on peut trouver aussi beaucoup de bécasses qui sont relativement tranquilles et qui sont loin d’être « harcelées » tous les jours durant la saison de chasse comme on voudrait souvent nous faire croire.
En ce monde chahuté, vouloir imposer aujourd’hui à tout le monde certaines réglementations restrictives sous prétexte que certains départements et/ou certains territoires en France « subiraient » une trop forte pression n’améliorera pas pour autant l’état de la population d’oiseaux mais pourrait mettre en péril notre passion de la chasse si ces mesures devaient être « analysées » différemment par certains organismes moins complaisants avec notre loisir.