Les haies ont un rôle fondamental pour l’environnement. Dans le sud de l’Eure, on incite les exploitants agricoles à en planter. Avec l’aide des chasseurs
Un article du Réveil Normand
Par Hugo Deshors Publié le .
Depuis 1950, 70 % des haies ont disparu des bocages français. Le territoire de l’Eure n’y échappe pas.
C’est pourquoi les exploitants agricoles sont accompagnés et incités à en replanter. A l’image de Sébastien Rivière, agriculteur installé et né à Chambord (Eure), sur son exploitation en polyculture de plus de 200 hectares. A la tête de l’EURL Les Douaires, son secteur d’activités est celui de la culture et de l’élevage associés.
300 km replantés
Mais voilà, une telle opération peut coûter cher et demande également du travail, donc de la main-d’œuvre. A ce titre-là, les chasseurs de la Fédération départementale de l’Eure sont parties prenantes dans la préservation de la biodiversité.
« Cela fait plus de 20 ans que nous plantons des haies, explique Dominique Monfilliatre, le président de la Fédération départementale de l’Eure, on sait de quoi on parle. Avec toujours cette volonté d’en remettre là où c’est utile et à des endroits où il n’y en a plus ».
En collaboration avec les agriculteurs, les collectivités, les chasseurs se retroussent donc les manches. « Depuis plus de 30 ans, nous avons replanté près de 300 kilomètres de haies dans le département ».
Mises à mal au siècle dernier
En milieu rural, les haies marquent le paysage, témoignant des pratiques agricoles d’hier et d’aujourd’hui. Mises à mal au siècle dernier par les remembrements, elles bénéficient aujourd’hui d’un regain d’intérêt au regard de leurs multiples avantages.
Côté climat et environnement, elles contribuent à lutter contre le changement climatique, participent à la qualité des sols et préservent les ressources en eau. Des atouts essentiels auxquels s’intéressent les différents acteurs de terrain.
Si, pour le préfet de l’Eure Jérôme Filippini, « nous avons eu tort d’en arracher », les prochaines années semblent aller dans le sens contraire, « il y a un vrai intérêt d’en voir ». Comme le souligne Nicolas Gavard-Gongallud, directeur de la Fédération départementale, « la haie est un élément incontournable du paysage, une trame verte et un corridor écologique bénéfique aux espèces. Nous voyons bien qu’il y a un panel d’espèces qui disparaît, il y a intérêt à préserver le patrimoine ».
Entretien, frein à l’implantation
Pour les agriculteurs, l’endroit de replantation est stratégique. « J’ai choisi l’emplacement de cette haie bocagère par rapport au soleil, le long d’un chemin », explique Sébastien Rivière, « amoureux de la nature. Elle représente, pour moi, une clôture naturelle, une protection pour mes céréales et mes animaux qui se protègent du vent, un cocon de travail ».
Cartographiés par les chasseurs eurois, les 120 hectares de parcelles de l’exploitant comptent 8 kilomètres de haies en tout, « bénéfiques pour la petite faune de plaine ». En faisant ces recherches sur le terrain, les chasseurs ont pu « déterminer les zones favorables pour la biodiversité ». Ainsi, « deux mares vont être restaurées ».
Mais donner envie à d’autres de planter des haies est une bonne chose, encore faut-il leur donner les moyens matériels, financiers et peut-être humains.
« L’entretien peut être important, confirme Dominique Monfilliatre, et c’est un frein à l’implantation ». Pour Sébastien Rivière, « c’est trois semaines pleines en hiver ». Et si au niveau régional, « il y a des possibilités de financer le matériel », quid du temps de travail ? « Cela n’est pas pris en compte », estiment les protagonistes.
Stockage du carbone
Source d’énergie renouvelable, régulation des eaux superficielles, intérêt pour la biodiversité, les haies jouent aussi un rôle clé dans la séquestration du carbone dans les sols et dans la préservation de la ressource en eau. « Mais pour le moment, cela n’est pas valorisé », regrette Sébastien Rivière. Une situation qui pourrait changer avec la possibilité pour les professionnels de vendre à des sociétés ou organismes tels que EDF.
Bref, en conclusion, cette pratique environnementale doit être mieux rémunérée au niveau des agriculteurs et exploitants agricoles.
Programme « Plantons des haies »
Dans le cadre du programme « Plantons des haies », participez à l’appel à projets du jusqu’au 1er octobre 2021. Le formulaire doit être déposé complet au plus tard à la date limite à la DRAAF (Direction régionale de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt).
Le Comité régional de programmation (CRP) émettra un avis sur l’attribution de l’aide. Le projet doit commencer au plus tard dans les 12 mois suivant cette décision, et se terminer dans les 2 ans suivant l’avis du CRP.
Vous êtes
Un agriculteur individuel ou personne morale (GAEC, SCEA,…), Un groupement d’agriculteurs (CUMA, GIEE avec statut juridique,…), Un établissement de recherche ou d’enseignement agricole, un organisme de réinsertion sans but lucratif ou une structure d’expérimentation agricole.
Vous souhaitez planter, regarnir ou densifier une haie.
Mesures : Taux d’aide de 80 %, plancher à 1 500 € HT, pas de plafond
Vous êtes
Un établissement public, une collectivité territoriale, un EPCI et leur groupement ; une association, un syndicat mixte (dont PNR), un GIP ; Propriétaires privés et leurs formes sociétaires sans activité agricole.
Vous souhaitez planter, regarnir ou densifier une haie sur des parcelles agricoles, organiser une animation en lien avec les haies.
Mesures : Volet Plantation : Plancher à 1 500 € HT – Pas de plafond, Volet Animation : Entre 5 000 € et 40 000 € HT.
Pour se renseigner sur les conditions d’éligibilité, allez sur la Chambre d’Agriculture de Normandie, programme « Plantons des haies »
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