En choisissant la biodiversité parmi les 11 secrétariats d’État, le gouvernement donne une place de choix à ce sujet trop souvent oublié. Remis sur le devant de la scène avec la crise du Covid-19, il fera l’objet de grands rendez-vous internationaux en 2021, lors du Congrès mondial de la nature et de la COP15 Biodiversité. Au niveau national, l’ex-députée LREM Bérangère Abba, choisie pour assurer cette mission, devra apaiser les tensions sur le glyphosate, la chasse ou encore la condition animale.
Parmi les 11 nouveaux secrétaires d’État, Jean Castex a souhaité remettre en avant la biodiversité. Le sujet, aussi important que celui du changement climatique, a particulièrement émergé pendant la crise du Covid-19. En effet, la destruction des habitats naturels, la déforestation, l’élevage intensif et le commerce d’animaux sauvages sont à l’origine des zoonoses pouvant entraîner des pandémies comme celle qui frappe le monde depuis plusieurs mois maintenant.
Le secrétariat d’État à la biodiversité avait été créé sous le gouvernement Hollande en 2016, mais n’avait été occupé que quatorze mois par Barbara Pompili, avant d’être supprimé. Celle qui vient de prendre la tête du ministère de la Transition écologique a déjà pour elle d’avoir réussi à convaincre de l’intérêt de cette thématique. Cette cause sera désormais portée par l’ex-députée LREM, Bérangère Abba, jusqu’alors déléguée nationale à la transition écologique du parti et membre de la Commission sur le développement durable.
Le casse-tête des 30 % d’aires protégées
Le retour d’un secrétariat d’État à la biodiversité est d’autant un bon signal que 2021 s’annonce clé. Dès janvier, la France organisera le Congrès mondial de la nature à Marseille. Un tremplin vers la COP15 Biodiversité, qui se tiendra en Chine du 17 au 30 mai, après avoir été reportée en raison du Coronavirus. L’idée est de réussir à mobiliser la communauté internationale afin de parvenir à un accord ambitieux pour la période post-2020. En amont, la France devra revoir sa stratégie nationale pour la biodiversité, qui arrive à échéance cette année.
À cet agenda bien chargé, vient s’ajouter la stratégie nationale en matière d’aires protégées que Bérangère Abba devra finaliser d’ici l’automne pour la période 2020-2030. Le texte doit permettre de concrétiser l’engagement d’Emmanuel Macron de protéger 30 % des aires terrestres et maritimes du territoire, dont 10 % sous “protection forte” d’ici 2022. Un objectif que la France entend porter à la COP15 Biodiversité.
Mais dix ONG ont alerté début juillet sur le manque d’ambition du texte. Elles regrettent que la stratégie nationale ne prévoie pas de développer des “aires marines protégées” (AMP) sur chaque façade maritime et notamment en Méditerranée, dans l’Atlantique ou encore la Pacifique. “Des territoires menacés par les activités humaines et pour l’instant opportunément exclus du plan d’action à 2023”, écrivent-elles dans un communiqué. En outre, elles demandent que les activités extractives soient interdites sur les territoires placés sous protection forte.
Apaiser les tensions sur la chasse et le glyphosate
Au niveau national et en lien avec le ministre de l’Agriculture, Bérangère Abba devra également piloter la stratégie de sortie du glyphosate, herbicide le plus vendu de France, après des positions controversées sur le sujet. Alors qu’elle réclamait l’interdiction immédiate du produit en 2017, elle a refusé d’inscrire son interdiction progressive dans la loi, une fois dans la majorité à l’Assemblée. Elle aura également à suivre la future réforme de la Politique agricole commune (PAC) et la lutte contre l’artificialisation des sols.
Autres sujets sensibles, celui de la chasse ou encore de la cause animale, de nombreuses associations regrettant l’absence d’un secrétariat dédié à la condition animale. “Est-ce que la préservation du vivant [prônée par Bérangère Abba, NDR] concernera tous les animaux ?”, s’interroge L214. Son périmètre ne devrait en effet concerné que la faune sauvage. D’autres s’inquiètent de la mise en consultation toute récente d’un projet d’arrêté prévoyant la chasse de 18 000 tourterelles, une espèce classée “vulnérable” avec des effectifs en déclin.