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La pratique de la chasse est au cœur des débats, entre victimes collatérales d’accidents et bien-être animal. En Europe, le canton de Genève a interdit la chasse depuis 1974.
La chasse est l’un des sujets qui anime les prémices de la campagne présidentielle. Entre défense du bien être animal et des victimes collatérales d’accidents de chasse, avec récemment un automobiliste de 67 ans touché par balles alors qu’il circulait à proximité d’un groupe de chasseurs, la chasse fait débat.
L’idée d’interdire la chasse le week-end et durant les vacances scolaires est avancée par Yannick Jadot, candidat EELV, notamment après la blessures par balles d’un homme d’une trentaine d’années alors qu’il se promenait avec sa mère à l’occasion des vacances de la Toussaint.
Des pays interdisent la chasse certains jours
Plusieurs pays européens ont instauré des jours de non-chasse. Ainsi, la chasse est interdite aux Pays-Bas le dimanche. En Italie, la loi nationale interdit l’exercice de la chasse le mardi et le vendredi tandis qu’au Portugal l’exercice de la chasse est limité au jeudi et au dimanche. En Angleterre et au Pays de Galles, la chasse de certaines espèces est interdite le dimanche.
Certains défenseurs du bien être animal vont plus loin et réclament une interdiction totale de la chasse. Une interdiction peu répandue mais expérimentée dans plusieurs pays, dont la Suisse, où le canton de Genève a interdit la chasse depuis 1974.
Le canton de Genève a interdit la chasse depuis 1974
À l’époque, la décision est prise face à la difficulté de délimiter les territoires de chasse dans un territoire très dense et urbanisé et des tentatives de compromis infructueuses entre les associations, les citoyens et les chasseurs. Après un référendum local, approuvé par 72% de la population, malgré une faible participation, à peine 22%, la chasse est interdite.
Conséquence de cette interdiction, des dégradations matérielles, notamment sur les vignes dues à la grande faune. “On a eu beaucoup de dégâts sur la vigne, ce qui pose problème sur la croissance de la vigne, ou directement sur le raisin”, expliquait en 2019 Didier Dubelly, garde de l’environnement à la RTS. Ils sont 11 comme lui à être recrutés par le canton de Genève pour réguler partiellement et ponctuellement les populations animales qui n’ont pas de prédateurs naturels, et ainsi limiter de tels dégâts.
Une mesure qui coûte un million par an
Une gestion qui a un coût : environ un million de francs suisse par an, soit autant en euros, pour compenser les dégâts et installer des clôtures notamment. Si l’interdiction de la chasse depuis près de 50 ans n’est pas remise en cause, le système aurait des limites.
Pour l’ethnologue Manue Piachaud, l’interdiction de la chasse “paraît tout à fait approprié pour un canton très urbanisé”, mais “sur un plus grand territoire, les conséquences financières, techniques et en termes de main d’oeuvre seraient énormes”, explique la spécialiste du comportement des animaux à la RTS. Selon elle, le modèle genevois coûterait trois fois plus cher que la chasse s’il était étendu à d’autres cantons.