Depuis 25 ans, Pierre Langlois, président de l’Association départementale des Bécassiers de Saône-et-Loire et André Forest de la minoterie Forest à Bray, chassent, ensemble, la bécasse dans différents secteurs du département.
Mercredi dernier, Pierre Langlois et André Forest étaient en quête de la mordorée dans les bois pour la fermeture de la bécasse, en compagnie de leurs setters anglais. Ces derniers jouent un rôle primordial dans l’action de chasse. « La réussite dépend de la complicité entre le maître et le chien. Sans chien, il serait illusoire, à moins d’un coup de chance, de pouvoir lever une bécasse », expliquent les deux passionnés qui ne tirent l’oiseau que si leurs chiens l’ont parfaitement bloqué.
« Un chien ne devient pas bécassier en levant seulement 5 ou 6 bécasses par an. Il faut au moins 3 ans avant d’avoir un bon sujet », indiquent-ils. « Le chasseur devra créancer son chien sur la bécasse pour qu’il s’imprègne bien de ce gibier. 2 ou 3 sorties hebdomadaires sont un minimum pour avoir un chien expérimenté apte à déjouer les ruses de la reine des bois.»
“Paralyser la bécasse par un coulé”
« Pour échapper au chien et au chasseur, disent-ils, la bécasse piète souvent des dizaines de mètres devant eux. Le but est d’obtenir du ou des chiens qu’ils paralysent la bécasse par un coulé afin de parvenir à un arrêt parfait en attendant le maître. Le chasseur peut parfois mettre du temps à repérer son chien à l’arrêt à travers la végétation, il est donc impératif que le chien reste immobile. » Tout comme son maître, « le chien bécassier devra être passionné sans jamais craindre d’affronter la pluie, le vent, les sous-bois humides et les buissons épineux, qui constituent l’ambiance incontournable de cette chasse. »
« Un bon chien bécassier, soulignent les deux chasseurs, doit être intelligent, dévoué, doté d’un nez très fin et sensible. C’est en conduisant régulièrement le chien au bois et en le mettant le plus souvent possible en présence de la bécasse que le chasseur va tisser avec son chien une fibre bécassière indissociable de la réussite. »
“Trois détails”
« A la bécasse, trois détails ont leur importance », précisent les deux chasseurs. Le premier est lié à la robe du chien : « Dans un sous-bois dense, un chien à la robe claire sera plus facile à repérer qu’un chien au pelage sombre .» Le deuxième concerne l’achat d’un chiot. « Il ne faut pas se laisser abuser par des annonces qui font miroiter des origines extra-bécassière. Ce qui compte avant tout, c’est que les géniteurs aient fait leur preuve sur gibier naturel. Il ne faut pas hésiter à se renseigner sur les résultats obtenus dans les concours de travail. En tout cas, qu’ils soient continentaux ou anglais, à poil long, court ou dur, tous les chiens d’arrêt de différentes races sont aptes à chasser la bécasse, avec ou sans pedigree. »
Le troisième détail a trait à la clochette. « Cet accessoire est indispensable pour suivre la quête de son chien. Rien à voir avec les bippers et les GPS qui, à notre avis, privent le chasseur de toute la difficulté passionnante de retrouver les chiens à l’arrêt et de se dire mais où sont ils et la bécasse va-t-elle tenir. Le silence devient alors impressionnant et augmente l’envoûtement de cette chasse. » Le tintement de la clochette indique la direction prise. « Si le chien galope normalement, la cadence du tintement sera régulière, mais de longs silences entrecoupés de tintements brefs, alerteront le chasseur sur un arrêt. La clochette à une telle importance que nous faisons dans notre tête le parcours de nos chiens. Nous savons exactement par où ils sont passés. Les clochettes sont différentes suivants les conditions atmosphériques. En chassant avec plusieurs chien la plus grosse clochette est accrochée au cou du chien qui va le plus loin de son maître. »
“La confiance entre les chiens”
Pierre Langlois et André Forest chassent avec deux ou trois chiens chacun : un vieux 8-10 ans, un plus jeune 3-7 ans et un chiot de moins d’un an qui va ainsi apprendre le métier. « L’équilibre d’une bonne équipe de chiens bécassiers, réside dans la confiance qu’ils ont entre eux. Lorsque le premier chien est à l’arrêt sur une bécasse, les autres patronnent, c’est-à-dire qu’ils adoptent la même attitude.
« Chasser à deux avec plusieurs chiens est certes compliqué mais autrement plus passionnant car les difficultés sont multiples, que de chasser seul avec un chien », reconnaissent les deux chasseurs qui n’hésitent pas à parcourir une quinzaine de kilomètres derrière leurs chiens.
Pierre Langlois credit photo Jean Pierre Tissier